Née seulement en 2011, la firme chinoise Xiaomi est en passe de devenir l’un des leaders mondiaux du smartphone. Après avoir vu ses ventes décoller en 2017, elle est actuellement le quatrième fabricant mondial en termes de volume de ventes. Sur certains marchés comme l’Inde, l’enseigne a même supplanté le N°1 mondial, à savoir la firme coréenne Samsung.
La renaissance du Phénix
Il y a deux ans, le fabricant chinois de smartphones Xiaomi était passé de la licorne la plus précieuse du monde à la débâcle la plus retentissante. Aucune entreprise n’avait jamais été victime d’une blessure aussi grave, dans la guerre des tranchées du secteur mondial des smartphones.
Aujourd’hui, Xiaomi est appelé le «phénix chinois». La société de conseil Strategy Analytics a déclaré que Xiaomi pourrait dépasser Oppo, Huawei et Apple en 2019 pour devenir le deuxième fournisseur de smartphones au monde, derrière Samsung.
Lorsque les smartphones chinois ont commencé à pénétrer les marchés internationaux, ce fabricant ayant un penchant pour la production de combinés haut de gamme avait attiré l’attention de nombreux utilisateurs.
Au cours des trois derniers mois de l’année 2016, la société avait touché le fond avec à peine 3% de parts de marché. Le fabricant basé à Pékin était confronté à des problèmes dans sa chaîne d’approvisionnement et à une sous-utilisation du marketing malgré la pression exercée par ses rivaux. Sa part de marché a soudain bondi pour atteindre 7% au cours du dernier trimestre 2017.
La percée sur le marché indien
Le fabricant de smartphones Xiaomi a finalement terminé en tête du classement des ventes en Inde, mettant fin au règne de six ans de Samsung sur un marché de plus en plus dominé par les entreprises chinoises.
La société basée à Beijing a vendu 8,2 millions de smartphones au quatrième trimestre 2017, dépassant ainsi les 7,3 millions d’unités de son rival sud-coréen, selon un rapport publié le mercredi 24 janvier 2018 par Canalys.
Xiaomi est entré dans le pays en juillet 2014 et détient désormais 27% du marché des smartphones, juste devant Samsung avec 25%. Selon un autre rapport de Counterpoint Research, également publié ce mercredi, Xiaomi aurait 25% du total des ventes, contre 23% pour Samsung.
Les deux séries de chiffres représentent une augmentation remarquable pour Xiaomi, qui ne détenait que 9% du marché indien au cours du même trimestre de 2016, loin derrière Samsung (24%).
La guerre contre les titans
Lorsque Xiaomi Corp. a lancé un nouveau smartphone en Inde courant avril 2015, il y avait du chaos dans l’air. Les 40 000 téléphones proposés avaient été écoulés en seulement 15 secondes. Des centaines de personnes avaient fait la queue durant des heures pour se procurer les téléphones de la marque chinoise. Raghav Goyal, un adolescent de 17 ans, qui avait fait le pied de grue pendant sept heures pour assister à la cérémonie, avait déclaré que le téléphone de Xiaomi était bien meilleur que ceux de ses grands rivaux Apple et Samsung.
Vendant des téléphones haut de gamme à des prix ridiculement bas, Xiaomi en est venu à se battre contre Apple et Samsung Electronics Co. pour la première place en Chine. En 2014, la part de marché de Samsung en Chine s’est affaiblie, un facteur qui a contraint la société sud-coréenne à enregistrer une forte baisse des bénéfices et à repenser sa stratégie.
Le smartphone haut de gamme Mi Note Pro de 64 Go de Xiaomi coûte 2 999 yuans, contre 6 088 yuans pour un iPhone 6 de 6 Go et 5 288 yuans pour un Samsung Galaxy S6 de 32 Go.
Lei Jun, PDG de Xiaomi ambitionne de créer la première marque chinoise qui soit cool à l’étranger. « La Chine ne se contentera plus de produire de pâles copies. La mission de Xiaomi est de changer la vision du monde sur les produits chinois » dit-il.
Un modèle économique assez insolite
Xiaomi, à l’instar de nombreuses entreprises technologiques, paie des sous-traitants pour réaliser ses produits. Son expertise s’étend aussi à des téléviseurs, des routeurs et des bracelets intelligents qu’elle conçoit elle-même. Elle a investi dans des startups qui vont des purificateurs d’air et des ampoules intelligentes à une caméra d’action de type GoPro, en passant par les scooters de marque Segway.
Les téléphones sont ses plus gros succès. Elle les conçoit avec des spécifications similaires à celles des iPhones d’Apple, de la ligne Galaxy de Samsung et d’autres modèles, mais les vend à moitié prix. Xiaomi maintient les coûts de marketing à un niveau bas en dépensant largement pour cultiver une base de fans plutôt que sur des annonces. Xiaomi vend la majorité de ses téléphones en ligne
L’objectif de M. Lei est d’amener les clients à acheter des services Internet plus rentables que les smartphones, à l’instar des jeux, des applications, des vidéos et des services financiers. « Dans le monde des smartphones, il n’y a rien de comparable au modèle économique de Xiaomi », a déclaré Aditya Awasthi, responsable de la recherche chez LexInnova, une société de conseil en technologie de Houston.
Un PDG atypique
Né dans la province du Hubei, au centre de la Chine, M. Lei a trouvé l’inspiration d’être entrepreneur après avoir lu un article sur le cofondateur d’Apple, Steve Jobs. À l’université de Wuhan, à Hubei, qui n’offrait aux étudiants que quatre heures par semaine d’informatique, il dit qu’il portait un clavier de papier pour s’exercer. Après ses études, il a fondé une start-up logicielle avec des camarades de classe.
En 1992, il rejoint une entreprise de logiciels, Kingsoft Corp., et en devient le directeur général en cinq ans. Kingsoft ayant raté le train de l’industrie chinoise de l’Internet, il a démissionné en 2007 après son introduction en bourse.
Lei dit qu’il a appris que saisir la bonne occasion était aussi important que le travail acharné. « Même un cochon peut voler s’il se trouve au centre d’un tourbillon», a-t-il dit.
Programmeur informatique de formation, Lei a transformé Xiaomi en une entreprise de 15 000 employés et 16 milliards de dollars de capitalisation en sept ans. Il maintient une approche pratique de la supervision d’une gamme de produits comprenant plusieurs dizaines d’appareils intelligents et des produits ménagers.