• Accueil
  • >
  • Actualité
  • >
  • WeChat, le réseau social chinois qui pourrait servir de carte d’identité

WeChat, le réseau social chinois qui pourrait servir de carte d’identité

  • Par t_u_f_org
  • 11 avril 2018
  • Commentaires désactivés
we chat

Ce n’est un secret pour personne : l’application de messagerie la plus populaire de Chine, WeChat, a toujours entretenu des relations étroites avec le gouvernement chinois. L’application a été subventionnée par le gouvernement depuis sa création en 2011, et il est évident que les autorités censurent et surveillent les utilisateurs. Maintenant, WeChat est prêt à jouer un rôle encore plus important : une initiative est en cours pour intégrer WeChat au système d’identification électronique de la Chine.

WeChat : une influence inimaginable

Il peut être difficile pour les gens à l’extérieur de la Chine de comprendre à quel point WeChat est devenu une réalité. « Pour toutes fins utiles, WeChat est le téléphone du Chinois, et dans une bien plus grande mesure en Chine que partout ailleurs, le téléphone est tout », a écrit Ben Thompson, analyste et fondateur du blog Stratechery. Il n’y a rien dans aucun autre pays qui lui soit comparable: ni Twitter, ni WhatsApp, pas même Facebook.

Fondé en 2011 et détenu par Tencent, WeChat compte 902 millions d’utilisateurs quotidiens et environ 38 milliards de messages sont envoyés sur la plateforme chaque jour. L’année dernière, Tencent a ajouté des mini-applications à WeChat, créant une sorte de boutique d’applications. Dans WeChat, on peut :

  • jouer à des jeux,
  • payer des factures,
  • trouver des lieux de rencontre,
  • prendre des rendez-vous médicaux,
  • déposer des rapports de police,
  • et organiser des vidéoconférences.

Les services bancaires, les médias publics et les agences gouvernementales disposent également de comptes officiels WeChat, où ils peuvent directement communiquer avec les utilisateurs. La domination de WeChat est favorisée par le gouvernement, qui a censuré Facebook Messenger depuis 2009, bloqué l’application Line appartenant à la Corée du Sud en 2015 et interdit WhatsApp en 2017.

WeChat occupe une grande partie de la vie des Chinois. Les Chinois d’outre-mer ou n’importe quelle personne qui a de la famille ou des relations en Chine ont tendance à télécharger l’application de messagerie afin de rester en contact puisque les autres applications sont interdites.

Un réseau social qui servira de carte d’identité officielle

Le 25 décembre 2017, les autorités de Guangzhou, l’une des plus grandes villes de Chine, ont annoncé que leurs citoyens n’auront plus besoin d’avoir sur eux leur carte d’identité, à condition qu’ils aient un téléphone avec WeChat installé, ont rapporté des sites locaux. Et que si le lancement du test réussissait, la nouvelle carte d’identité virtuelle serait déployée à travers tout le pays à partir du mois de janvier 2018.

La carte d’identité virtuelle sera aussi valide que l’identification papier délivrée par l’Etat chinois, a rapporté l’agence de presse officielle Xinhua. Les adoptants de la technologie pourront entrer leurs noms et numéros d’identification avant de se connecter au réseau gouvernemental grâce à une fonction de reconnaissance faciale. Ils pourront ainsi accéder à une copie numérique de leur carte d’identité personnelle. Les citoyens pourront ensuite afficher la «carte réseau» sur leur téléphone pour réserver des hébergements et des vols, entre autres transactions.

Le programme pilote a débuté à la fin de décembre et s’est étendu à l’ensemble du pays en janvier. Le programme a été développé par l’institut de recherche du ministère de la Sécurité publique et l’équipe WeChat de Tencent et est soutenu par des banques et d’autres départements gouvernementaux, y compris la China Construction Bank et la section du commissariat de Guangzhou.

Pour s’inscrire au programme, les utilisateurs devaient ouvrir une mini-application dans WeChat pour demander un certificat. WeChat leur donnait ensuite une carte d’identité numérique en noir et blanc qui fonctionne pour des utilisations plus informelles, comme l’enregistrement dans les cybercafés. (En Chine, il faut fournir une carte d’identité pour se connecter.).

Les utilisateurs peuvent également demander une mise à niveau vers une carte d’identité en couleur. Celle-ci peut être utilisée pour des transactions bancaires plus formelles et l’enregistrement d’une entreprise. Les utilisateurs peuvent protéger leurs identifiants en établissant un mot de passe à huit chiffres, et Xinhua indique que la technologie de reconnaissance faciale sera utilisée pour vérifier les demandeurs en personne avant que leurs cartes d’identité soient autorisées afin de décourager la fraude d’identité. De plus, l’application enregistrera l’empreinte digitale de la personne et la carte SIM du téléphone.

Des avantages en nombre

Xinhua affirme que les identifiants numériques seront un moyen facile de prouver son identité partout, à tout moment, sans se soucier du vol d’identité. L’intégration d’une carte d’identité dans une application téléphonique éliminera les difficultés administratives associées à la perte de cartes ou à l’oubli à un moment crucial. La fonction de reconnaissance faciale est également susceptible d’aider à prévenir le vol d’identité, car le logiciel doit reconnaître le visage de l’utilisateur avant de permettre à l’utilisateur d’accéder à sa carte d’identité.

Le ministère chinois des Ressources humaines et de la Sécurité sociale a commencé à déployer le projet dans 26 villes, dont la ville côtière de Shenzhen et Xi’an dans le nord-ouest du pays, selon un rapport publié le vendredi 05 janvier 2018 par le quotidien People’s Daily.

Les cartes électroniques de sécurité sociale basées sur WeChat permettront aux utilisateurs d’accéder en toute sécurité à leurs dossiers. Ils pourront y consulter leurs statuts, de même que les paiements auxquels ils ont droit. Le système de sécurité sociale de la Chine représente le régime le plus important du secteur public pour les travailleurs car il couvre cinq catégories d’assurance : les pensions, les soins médicaux, le chômage, la maternité et les accidents du travail.

… mais aussi des controverses

L’utilisation de WeChat comme référentiel électronique pour toutes les données de sécurité sociale en Chine est un autre exemple de la façon dont les géants de la haute technologie du pays obtiennent un accès plus large à l’information privée des personnes à travers divers services numériques.

Pour certains observateurs, le nouveau rôle de WeChat soulève des problèmes de confidentialité. En plus des liens étroits de WeChat avec le gouvernement chinois, ce réseau déclare également dans sa politique de confidentialité qu’il peut conserver les données des utilisateurs «le temps nécessaire» pour «se conformer aux lois et règlements applicables».

Chan Ka-keung, professeur à l’Université des sciences et technologies de Hong-Kong, a déclaré récemment dans un forum que les utilisateurs de la Chine continentale ont adopté avec enthousiasme la nouvelle technologie et n’ont pas eu de problème à partager des données pertinentes avec des fournisseurs de confiance.

Cela a permis à Baidu, Alibaba Group Holding et Tencent, le triumvirat chinois collectivement connu sous l’acronyme BAT, d’utiliser toutes les données que chacun recueille pour améliorer leurs services et poursuivre d’autres initiatives innovantes, telles que l’intelligence artificielle.

Dans un post de janvier2018, WeChat a nié que l’application stockait des chats d’utilisateurs en réponse aux commentaires de l’homme d’affaires Li Shufu, qui affirmait que le PDG de Tencent, Ma Huateng, surveillait les Chinois tous les jours.

Précédent «
Suivant »