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ALBERT KARAZIWAN, PDG DE SEMLEX, SUR LE PASSEPORT BIOMETRIQUE EN RDC

  • Par t_u_f_org
  • 2 août 2018
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Plus d’une année s’est écoulée depuis que la République du Congo dispose d’un passeport biométrique et électronique sécurisé. Le système, installé par la firme belge Semlex, avait en effet été inauguré en novembre 2015 par le Président de la République pour ainsi répondre à une recommandation de l’OACI de voir tous les pays membre disposer d’un passeport biométrique dans un délais dont l’échéance était fixée justement en 2015. Albert KARAZIWAN, Directeur général de Semlex Group, revient, dans l’entretien ci-dessous, sur les péripéties ayant conduit à la conclusion de l’accord avec le gouvernement ainsi que sur les résultats récoltés à ce jour. Il lève également les équivoques sur les rumeurs qui avaient entouré la négociation et la signature de l’accord.

 

Q/ CONGO PANORAMA : Depuis un peu plus d’une année, votre entreprise, SEMLEX, est sur le marché de production et d’octroi des passeports en République Démocratique du Congo après des années de grands soucis dans ce domaine pour ce pays par rapport aux exigences internationales. Qu’avez-vous apporté de particulier ?

R/ ALBERT KARAZIWAN, SEMLEX : Il ne m’appartient pas de commenter le passé de la RDC en cette matière, ni d’émettre une critique particulière. Je sais seulement qu’une demande avait été faite par le gouvernement congolais pour répondre à un besoin qui se faisait sentir. Il était question de proposer et d’offrir un service de qualité qui devait répondre aux normes de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) qui, à cette époque avait recommandé à tous les pays de disposer d’un passeport biométrique jusqu’au plus tard fin 2015. Aujourd’hui, nous sommes parvenus à installer le système biométrique dans les délais et les Congolais ont désormais accès à un nouveau passeport sécurisé et fiable, et l’Etat congolais est à l’abri de la fraude et d’autres formes de falsification, surtout la double identité.

Q/ CONGO P. : Qu’est-ce qui vous assure d’une telle satisfaction sur ce système ?

R/ ALBERT KARAZIWAN, SEMLEX : D’abord, c’est l’ensemble des caractéristiques biométrique et électronique du nouveau passeport que les précédents n’ont jamais offertes. (Le passeport proposé par SEMLEX est) biométrique parce qu’il contient tous les renseignements sur l’empreinte digitale et les comparaisons de celles du détenteur, et électronique parce qu’il comporte une puce sur laquelle sont stockées toutes les informations sur le détenteur et permet de vérifier son authenticité à partir du lieu de son émission et sa délivrance. Il est désormais impossible qu’une même personne détienne plus d’un passeport, même si elle change de noms ou d’autres éléments de son identité. Bref, nous avons doté la RDC d’une base fiable et des documents fiables qui constituent l’ensemble d’un système fiable.

 

« (…) ce système apporte une valeur ajoutée à l’économie congolaise, en termes d’emplois directs et indirects créés. » Albert Karaziwan, directeur général de SEMLEX.

 

Q/ CONGO P. : Il ne reste pas moins vrai que ce marché a fait jaser jusqu’à des rumeurs d’implication de hautes autorités du pays, voire même de la famille présidentielle qui vous auraient aidé à l’obtenir. Au fait, comment SEMLEX est-elle arrivée à le gagner ?

R/ ALBERT KARAZIWAN, SEMLEX : L’on nage là, comme vous le laissez comprendre, dans les eaux de la médisance à travers des rumeurs. Ce marché était bien ouvert et SEMLEX avait fait face à une concurrence digne et loyale avec des firmes ayant également pignon sur rue comme GEMALTO, ZETES, OBERTHUR et d’autres. Il est vrai que nos négociations ont duré plus d’une année jusqu’à risquer de retarder la mise en œuvre du système par rapport aux délais de l’OACI. Ces négociations ont finalement abouti à ce marché de concession, mais ce contrat a, par la suite, été avalisé par l’autorité nationale de régulation qu’est l’ARMP, et la quittance de la taxe de régulation qui nous a été délivrée en fait foi. Selon les termes de ce contrat, Semlex a financé l’ensemble du projet. Nous avons pris en charge toutes les dépenses de ce projet et l’Etat congolais n’a pas dépensé un seul centime. Nous avons financé aussi bien l’aménagement des locaux au Ministère des Affaires étrangères que l’achat des équipements et toute la technologie biométrique ainsi que les machines d’impression, sans oublier la formation des techniciens ici, à Kinshasa, à l’intérieur du pays ainsi qu’aux 70 ambassades congolaises couvertes, à ce jour, à travers le monde, etc. Nous continuons à prendre en charge le fonctionnement, la paie du personnel et d’autres activités telles que le transport, les envois sécurisés, sans oublier surtout les aspects logistiques liés à l’enrôlement, la vérification sécurisée des données ou encore l’envoi des documents en temps record aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, soit les 11 anciennes provinces et les 70 ambassades que je viens d’évoquer. Pour les centres de provinces nouvellement créés, les équipements sont déjà disponibles à Kinshasa et vont être déployés incessamment sous peu.

semlex albert karaziwan

Aujourd’hui, grâce au système que nous avons mis en place, la République Démocratique du Congo est qualifiée en matière de personnel d’état civil formé, et ce système apporte une valeur ajoutée à l’économie congolaise, en termes d’emplois directs et indirects créés.

 

Q/ CONGO P. : Qu’avez-vous apporté de particulier pour remporter ce marché ?

R/ ALBERT KARAZIWAN, SEMLEX : Semlex n’en est pas à sa première expérience en Afrique et dans le monde. Nous sommes pratiquement parmi les seuls à faire du BOT (Ndlr : Offre commerciale globale de type « Build, Operate, Transfer ») dans plus de 20 pays africains et plus de 60 autres à travers le monde. Nous avons nos propres usines en Lituanie et en Belgique, nous développons et produisons nos propres programmes biométriques et électroniques, notre propre software, etc. ; bref tous les moyens de sécurité pour valoriser le document qui arrive entre les mains du demandeur et répondre aux normes de l’OACI que les différents services d’immigration, à travers le monde, respectent aujourd’hui. Notre offre avait le mérite de ne demander aucune contribution au gouvernement congolais. Nous avons accepté d’être payés sur la production et aujourd’hui, une année après, le résultat est là.

Q/ CONGO P. : Et comment se gèrent les opérations et se répartissent les frais ?

R/ ALBERT KARAZIWAN, SEMLEX : Le contrat prévoit que 65 dollars reviennent à l’Etat congolais et le reste, 120 dollars, vont dans le remboursement de l’investissement, le fonctionnement, les bénéfices, etc. Tout se fait dans la stricte transparence et l’Etat a l’avantage d’encaisser la somme nette sans aucune dépense et par notre système, cette somme est totalement sécurisée et épargnée de l’évasion de fonds.

Mais je dois ajouter que contrairement à ce que les gens peuvent croire et malgré les apparences, l’opération d’octroi de ce nouveau passeport ne correspond pas aux attentes de Semlex. On avait tablé sur une base de 30.000 passeports par mois pour atteindre 2 millions dans les cinq années imparties conformément aux dispositions du contrat, mais là nous nageons autour d’une moyenne de 10.000 par mois alors que les frais calculés sur la base de 30.000 sont restés fixes. Mais nous sommes satisfaits de l’excellence des relations que nous avons avec le gouvernement congolais ainsi que de la qualité du service et du produit offerts, du moins selon ce que nous renseignent les « feed-back » jusque-là.

Il faut préciser, par ailleurs, que SEMLEX n’a aucun rôle dans la décision de l’octroi du passeport, ni à l’accès de la délivrance. Notre rôle se limite à la supervision et à l’assistance logistique et technique pour assurer la continuité du service et éviter toute interruption. L’essentiel est entièrement assuré par les agents du Ministère des Affaires étrangères et d’autres services étatiques impliqués.

 

« (…) nous n’avons pas à polémiquer sur des rumeurs et, s’il le faut, nous préférons nous en remettre à la justice. » Albert Karaziwan, CEO Semlex group.

 

Q/ CONGO P. : Il paraît que vous ayez doublé un intermédiaire qui vous aurait aidé sur ce marché et qui, aujourd’hui, menace de vous trainer en justice…

R/ ALBERT KARAZIWAN, SEMLEX : Je suis au courant de ce cas et je vous dis tout de suite qu’on est en face d’une tentative d’extorsion de fonds par chantage. Il s’agit en fait d’une personne qui avait apporté, à un certain niveau, son assistance dans le pilotage du projet et qui s’est fait passer pour un consultant de l’Etat, alors que l’Etat pensait qu’il était, en fait, notre agent. Par la suite, il a commencé à se faire prévaloir de certains droits en termes d’honoraires faramineuses alors que Semlex ne lui doit rien puisqu’aucun accord ne nous lie, lui et nous, dans le contrat signé avec le gouvernement congolais. Ce monsieur a tenté une action en justice via son avocat en Belgique, mais cela n’avait donné aucune suite puisqu’il s’agit d’un chantage. Et cela l’a poussé à nous menacer de salir notre réputation dans les médias. Une agence de presse nous a effectivement contactés à ce sujet (Ndlr : Reuters ? Belga ?), mais nous n’avons pas à polémiquer sur des rumeurs et, s’il le faut, nous préférons nous en remettre à la justice.

 

Source : CONGO PANORAMA, Edition n°23, Février – mars 2017 : « PASSEPORT BIOMETRIQUE EN RDC, UNE REALITE CONFIRMEE » – https://issuu.com/lesoftonline/docs/journal1397/12 

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